hello sunshine (nina)

Les rayons du soleil effleuraient son visage enfantin, rougit par l'effort. Cela faisait un moment qu'il n'était pas sorti pour un footing bien banale. Ne supportant pas le froid, Hugo avait hiberné dans la salle de sport tout l'hiver. Fuyant l'air un peu trop frais. Mais rien ne fallait un véritable footing en plein air. Adieu le tapis de course et bonjour le parc. Hugo s'était empressé d'enfiler un jogging bien confortable et un hoodie un peu vieux et tâché de peinture. Aujourd'hui, course à pied et reprise de la diet surtout. Il avait un peu abusé sur les tartiflettes pendant l'hiver et il était clairement temps de faire réapparaître ses muscles. Le jeune homme avait marché jusqu'au parc, pour bien échauffer ses jambes, préférant de loin marcher plutôt que prendre les transports en commun. Plus il les évitait et mieux il se portait. Hugo ne prenait les transports en commun uniquement quand il était fatigué, autant dire jamais. Et la voiture, c'était encore plus rare. Il la prenait seulement lorsque des clients se trouvaient loin de chez lui et de l'épicerie où il se fournit. Tout ça pour dire qu'il arriva au parc déjà bien échauffé. Cependant, connaissant son corps et ses limites, il s'imposa tout de même des échauffements pour éviter tout claquage. Il serait dommage de se blesser bêtement.

Sentir l'air frais et marin faisait un bien de fou. Hugo profitait de l'instant. L'arrivée du printemps se faisait sentir. Il n'était pas le seul pressé d'ailleurs. Les arbres recommençaient à vêtir leur plus belles robes. Les fleurs semblaient impatientes de rivaliser de beauté les unes avec les autres. Et ça Hugo appréciait le constater. C'était un romantique au fond. Observer, apprécier la nature, la contempler réellement. C'était ça la vraie vie. Se satisfaire de ce qui nous entoure et vivre en harmonie les uns avec les autres mais surtout avec cette magnifique nature qui nous entoure. Hugo, après avoir terminé ses observations et ses échauffements lança sa première foulée. Ses jambes semblaient ne pas avoir oublié la sensation lorsque les pieds entrechoquent le sol. Ses genou s'activèrent avec hâte et précipitation. Même peut être un peu trop. Au bout de dix minutes seulement, le jeune homme dû s'arrêter, essoufflé comme jamais. Certes, ça fait du bien, mais relancer son cœur comme ça soudainement, ce n'était pas la meilleure des idées. Ses poumons n'avaient pas autant travaillé depuis sa dernière soirée torride avec la touriste allemande.

Se tenant les côtes, Hugo se mit à prendre de grandes inspirations afin de mieux gérer son souffle. Il avait l'air bien idiot. Déjà en nage au bout de quelques minutes. Le cuisinier vit une femme non loin de lui qui semblait s'échauffer. Il sourit en la voyant, et de nature bavarde et sans gêne, il lui lança avec un large sourire.  « C'est dur la reprise ! » Trop trop ouvert, Hugo devait arrêter de parler à des inconnus, ça devenait gênant. .

Sentir l’air frais sur son visage, voir le soleil se lever, Nina était une lève-tôt même le weekend. Elle n’était pas des plus fêtardes, elle ne l’avait jamais été. Pour autant, les soirées pokers lui demandaient du temps et de l’énergie en plus de son métier d’avocat déjà bien prenant. Son jogging quasi quotidien était sa bouffée d’oxygène, les moindres moments de temps libre, elle décidait de les vivre à fond que ce soit seule, avec son mari ou bien avec n’importe qui d’autre, ou presque.

Il devait être à peine 8h30 quand Nina arrivait au parc où elle avait l’habitude de s’aérer. Vêtue d’un jogging et d’un top de sport, les écouteurs aux oreilles et les cheveux attachés, elle commença à s’échauffer contre un banc. Elle n’était pas une très grande sportive mais elle tenait une bonne demi-heure, tous les deux jours, ce qu’elle considérait déjà comme très bien. Elle ne faisait pas d’autre activité sportive. A vrai dire, c’était plus pour se vider la tête qu’un réel souci d’entretien.

« C'est dur la reprise ! » entendit-elle alors qu’elle n’était pas dans une posture des plus avantageuses. Elle retira alors ses écouteurs et se redressa vers son interlocuteur. « Pardon ? » demanda-t-elle, n’ayant en réalité pas très bien compris ce qu’il avait dit. « J’avais la musique, j’ai pas bien entendu désolée. » ajouta-t-elle.

Son naturel revenant au galop, elle ne put s’empêcher de constater que c’était un homme plutôt mignon. Cela ne lui donnait que plus envie de savoir ce qu’il lui voulait.

Il avait un peu trop d'aisance à parler avec des inconnus. Hugo ne pouvait pas s'empêcher de parler et d'interrompre les gens dans ce qu'il faisait. La pauvre joggeuse n'allait pas être épargnée par ce jeune homme un peu trop envahissant. Évidemment, il n'avait pas fait attention qu'elle avait des écouteurs et tout naturellement, il lui avait adressé la parole. Elle aurait très bien pu le prendre pour un psychopathe. Après tout, avec tout ce qu'on lit et voit à la télé sur des femmes qui se font poursuivre par des fous … D'ailleurs, pourquoi lui répondait-elle ? Elle ne regardait pas les informations ou quoi ?  «  Oh désolé, je n'avais pas vu vos écouteurs ! » Mais tout ça, Hugo s'en fichait bien. Il avait besoin de parler. Tout le temps. Il avait besoin de voir du monde et d'être constamment entouré de gens. Même si il ne connaissait pas la jeune femme, il avait ce besoin compulsif de l'accoster.

Evidemment, c'était tout en bien et tout honneur. Il ne cherchait pas à la ramener chez lui ou quoi que ce soit. Il lui racontait juste sa vie, comme d'habitude.  « Je vous disais que c'était dur la reprise. Après l'hiver qu'on a eut, ça fait du bien de reprendre un peu de vitamine avec ce beau soleil. » Il avait surtout besoin de se taire et de se mêler de ses affaires. La pauvre elle avait rien demandé à personne. Lui il arrivait comme une fleur et gâchait probablement déjà sa journée. Cependant, Hugo n'allait pas changer sa nature. Et ça pour rien au monde. Il ne pouvait pas s'empêcher de parler à des inconnus, rencontrer de nouvelles personnes. Il se disait sans cesse que toute nouvelle rencontre pouvait être positive si on y mettait du sien. Et lui, il les provoquait un peu beaucoup les rencontres. La jeune femme qu'il avait devant lui semblait tout à fait charmante. Bien qu'il ait un peut peur qu'elle attrape froid aussi peu vêtu. Courir en brassière de sport, elle allait forcément chopper la crève. Son instinct le poussait à lui proposer son hoodie. Mais elle allait certainement le prendre pour un fou.

« Oh désolé, je n'avais pas vu vos écouteurs ! » s’excusa-t-il quasiment aussitôt. « Je vous disais que c'était dur la reprise. Après l'hiver qu'on a eut, ça fait du bien de reprendre un peu de vitamine avec ce beau soleil. » Nina sourit à sa remarque. Elle n’était pas timide ou introvertie mais parler de la pluie et du beau temps avec un parfait inconnu, elle n’aurait pas oser. Elle n’avait pas peur, même s’il était encore tôt ils n’étaient pas seuls et puis, elle avait appris à se défendre avec le temps. On ne pouvait pas passer sa vie dans la peur. Elle pouvait se tromper mais cet homme paraissait inoffensif.

« C’est pour ça qu’il vaut mieux éviter d’arrêter. » répondit-elle. « J’ai toujours réussi à courir quelques fois. Je ne crains pas vraiment le froid ni la pluie, on s’adapte avec les tenues. » ajouta-t-elle. L’avocate avait tendance à beaucoup parler également lorsqu’on lui donnait la parole. « Quand il fait beau, vous venez courir souvent du coup ? » le questionna-t-elle à son tour. Elle ne l’avait jamais croisé en tout cas, peut-être n’avaient-ils pas les mêmes créneaux habituellement ? Nina pour sa part était un peu réglée comme une horloge, elle courait tous les matins aux mêmes horaires la semaine. Elle changeait seulement le weekend, n’ayant pas de journée de travail derrière.

La femme qui se trouvait devant lui semblait plutôt sympathique. Certes, elle ne lui avait quasiment pas adressé la parole, mais Hugo avait une sorte de sixième sens. Pas du tout en fait, c'était un pur mensonge. Hugo est le genre de personne à juger les gens avant de les connaître. C'est mal mais c'est comme ça. Et la plupart du temps, il se trompait toujours. Heureusement pour lui, il était si bavard et curieux qu'il parlait à tout le monde. Même avec les gens qu'il ne sentait pas. Alors son jugement changeait très souvent. En tout cas, la jeune femme qui s'apprêtait à courir lui répondait avec le sourire et il trouvait ça vraiment charmant.  « Ah, pour ça je suis tout à fait d'accord avec vous » répondit-il en riant lorsqu'elle lui dit qu'il ne fallait surtout pas s'arrêter. Elle lui avoua que, qu'importe le temps, elle courait toujours. Il était très admiratif de ce genre de personne. Lui, dès qu'il y avait un peu d'humidité, il se retrouvait dans la salle de sport. Clairement, il fuyait le mauvais temps comme la peste. C'était un gars du sud, il avait besoin du soleil et de sa vitamine D.

Heureux de voir que la jeune femme qu'il avait en face de lui continuait la discussion, Hugo répondit avec beaucoup d'optimisme dans la voix. Tout en étirant ses jambes, il avouait alors.  « J'essaie de courir le plus souvent possible. Mais l'heure est très variée à cause de mon emploi du temps. Et vous ? Vous m'avez plutôt l'air matinale. » Contrairement à lui, elle avait l'air toute fraîche et complètement prête à affronter la journée. Elle avait l'air du genre de personne à être plutôt ordonné. Et ça intriguait beaucoup Hugo qui était tout le contraire. S'il y avait bien adjectif qui ne collait pas au jeune cuisinier, c'était bien organisé.  « Au fait, moi c'est Hugo ! » Dit-il en essuyant sa main moite sur son hoodie avant de la tendre à la jeune femme. Il aimait pas discuter avec les gens sans avoir un minimum d'information sur eux. Et comme il aimait beaucoup parler, et qu'elle ne l'avait pas encore remballer, il n'allait pas se taire de si tôt. La pauvre, elle allait devoir le supporter encore quelques instant...

Nina sentit la voix du jeune homme changer une fois qu’elle relança un peu la conversation, le sentant plus enjoué à présent ce qui la fit sourire de nouveau. « J'essaie de courir le plus souvent possible. Mais l'heure est très variée à cause de mon emploi du temps. Et vous ? Vous m'avez plutôt l'air matinale. » Elle essaya de deviner sa profession mais elle n’était pas vraiment douée pour ce genre de chose et se ravisa rapidement.

« J’aime me lever tôt, j’essaie d’être régulière, j’ai un travail assez prenant. » répondit-elle avant qu’il ne se présente avant de lui tendre la main. Nina la lui serra avant de se présenter à son tour. « Enchantée Hugo, moi c’est Nina. Et vous faites quoi dans la vie pour ne pas avoir d’horaires fixes ? » en profita-t-elle. Elle était curieuse et si cela pouvait être un défaut cela lui permettait au moins d’engager la conversation. Et puis, cet homme lui plaisait bien aussi. Bien que volage assumée, l’avocate ne sautait pas non plus sur n’importe qui. En revanche, elle se gênait rarement pour regarder le menu. C’est pourquoi, elle observait Hugo, son regard l’avait déjà bien charmé et son corps avait plutôt l’air bien bâti. Il n’avait pas l’air énormément plus jeune qu’elle non plus. La chose était tentante à dire vrai mais, elle voulait en savoir un peu plus auparavant.

La dernière passion de Hugo, c'était d'essayer de deviner la vie des gens en les observant. En règle général, il le faisait du haut de son immeuble, en regardant les passant. Oui, il lui arrivait souvent de s'ennuyer. La, il avait une personne réelle en face de lui et c'était le moment idéal pour mettre son nouveau non talent à l'épreuve. La femme qui se tenait devant lui semblait être quelqu'un de plutôt déterminé et méthodique. En réalité, il se disait ça de tout les joggeurs matinaux. Il fallait en vouloir pour courir aussi tôt. Enfin … Il était déjà plus de huit heure du matin, il n'était pas aussi tôt que ça. Ceux qui se levaient aux aurores pour courir, eux, il ne les comprenait pas. Dormir, ils connaissent pas ? La réponse que lui fit la joggeuse l’interpella davantage. Ses méninges se mirent à grincer sous l'effort. Que pouvait-elle bien faire pour avoir un travail assez prenant. Chose qu'il faisait sans gêne, Hugo se remit alors à la reluquer de haut en bas en haussant le sourcil gauche. Interloqué. Elle était professeur d'école. Il en était sûr. Il la voyait bien professeur de mathématiques ou quelque chose dans le genre. Ou alors … Peut être dans l'armée ou la gendarmerie. Ce côté lève tôt assumé.

 « Quel beau prénom. Nina. » Hugo semblait charmé par la jeune Nina. Sa voix était aussi belle qu'elle ne l'était. Mais ce fut son regard qui le déstabilisa soudainement. Il n'arrivait pas à le décrypter. Est-ce qu'elle pensait à un sandwich délicieux et c'était pour ça qu'elle semblait si intéressé. Ou peut être se trompait-il...  « Je suis traiteur. J'ai ouvert mon entreprise il y a pas longtemps alors il y a des jours ou je n'ai pas de clients. Parfois c'est tout l'inverse, je croule sous le travail. Mais ça m'arrange. Je supporte pas rien faire. Mais, je suis coiffeur de formation. » Elle ne t'en avais pas autant demandé à ce que je sache. Juste une question sur ton métier. Il ne pouvait pas s'empêcher de parler. C'était plus fort que lui.  « Et vous Nina ? Je vous vois bien militaire ou professeure. Je me trompe ? » En réalité, il fantasmait complètement sur les institutrices. Il avait un petit espoir qu'elle lui dise oui, qu'elle porte un costume et des lunettes, et qu'elle donnait des punitions. Hugo secoua la tête pour s'enlever cette image de la tête. Décidément, ça faisait longtemps qu'il avait pas vu quelqu'un... Une semaine d'abstinence, c'était beaucoup. Non ?

« Quel beau prénom. Nina. » De la drague ou était-il sincère ? Parce qu’en soit, soyons honnête, c’était le genre de phrase qu’on pouvait facilement dire. Nina demanda ensuite à son interlocuteur ce qu’il faisait dans la vie, bien curieuse d’en savoir plus sur lui. « Je suis traiteur. J'ai ouvert mon entreprise il y a pas longtemps alors il y a des jours ou je n'ai pas de clients. Parfois c'est tout l'inverse, je croule sous le travail. Mais ça m'arrange. Je supporte pas rien faire. Mais, je suis coiffeur de formation. » Elle l’écoutait, un peu surprise de ce qu’il lui disait.
« Eh bien, entre coiffeur et traiteur, ce n’est pas le même monde. » commenta-t-elle, tout de même mal placée pour dire cela. Qui croirait qu’une avocate renommée pouvait gérer un réseau illégal ? Hugo lui retourna d’ailleurs la question, émettant des hypothèses.

« J’ai l’air si frigide que ça ? » s’amusa-t-elle. Militaire ou professeur, jamais elle n’aurait pensé faire ce genre de métier. Visiblement, il n’avait pas un flair très poussé. « Je suis avocate. » sentant la brise sur sa peau, à travers la chaire de poule qui commençait à recouvrir ses bras, elle proposa. « Ca vous dit, d’aller boire un café ? » Son envie de courir avait un peu disparu, la fraicheur la rattrapant. Et puis, ne pas courir pour pouvoir faire une nouvelle rencontre, c’était plutôt une bonne chose non ?