Madelyn Delcroix

Tu t'y plaisais autrefois à Biarritz, cette ville que tu aimais croire comme ta maison. Ton père était originaire de la ville, propriétaire d'un hôtel près de l'océan. Ta mère, fille d'un riche designer parisien, était de passage lors de leur rencontre et tu as toujours exagéré le fait qu'il devait s'agir d'un coup de foudre. Tu es née la même année, d'une grossesse non souhaité. Une question de censure pour la famille de ta mère qui voyait d'un très mauvais œil ce bébé, mais par dessous tout le paternel. Tu as grandit parmi les herbes hautes et le vent de l'océan Atlantique, mais aussi parmi la richesse et la discipline. Une réalité qui très vite, créa un espace entre tes parents.

L'hôtel de ton père, tu y as pratiquement passé ton enfance, à jouer dans la cour arrière ou sympathiser avec les clients qui voulaient bien t'écouter. Ta mère, elle s'obstinait à faire de toi une petite poupée, une fille modèle et très rarement, elle était déçue. Une enfant calme, plutôt discrète, rare était les jours où tu arrivais à la maison les genoux écorchés, les bottes pleines de bous. La tête dans ses livres et de bonnes notes à l'école, petite fille avec très peu d'amis, mais de nombreux admirateurs. Pour ses vêtements de marques ou son sourire, celui de sa mère. À tes huit ans, tu fais la première page du magasine "Madame" en France, à l'effigie de la collection pour jeune fille de tes grand-parents et tu es dès lors, traîné dans tout l'Europe.

Tu as grandi, Helena a vu le jour et tu n'étais plus seule désormais, du moins tu le pensais. Helena et toi n'étiez pas soudé l'une à l'autre étant jeune, bien qu'il arrivait parfois -plutôt rarement- des exceptions. Elle était le mouton noir, cette petite fille dans la cour de l'école qui -seulement pour s'amuser- aimait bien se battre avec les garçons. Toi, tu étais cet archétype de la fille populaire, à l'opposer l'une de l'autre. Tu n'avais que dix-sept ans, elle en avais neuf lorsque vos parents divorcèrent, divorce que tu eus du mal à digérer. Le temps a passé, la distance c'est installé entre toi et ta famille et plus rien ne te retenais ici, à Biarritz sauf une chose, ou plutôt un garçon.

Il n'était pas comme les autres, ce garçon. Il y avait dans son regard une lueur de curiosité le jour de votre rencontre. Deux enfants cachés dans les herbes hautes de l'hôtel, des rires les dévoilant aux autres. Il te connaissait, du moins tu lui avais dévoilé ton visage en fréquentant la même école. Des préjugés envers toi, il n'y en avait pas et tu avais très vite oublié les tiens pour lui. Jamais l'un sans l'autre, vous avez grandi ensemble, tout vécut ensemble et il avait bien remarqué que sa meilleure amie devenait une femme. L'amour c'est alors pointé, pour lui du moins. Tu as toujours ignoré tes sentiments, par peur de le perdre, peur du vide et de la solitude. Tu as souvenirs de ce jour où il t'annonçait qu'il avait été accepté dans l'armé... Ce jour où tu lui disais adieu. Dès ce moment, tu partais pour l'italie. Pour réécrire ta vie, loin de cette ville qui te rendais bien amer.